Un mail, puis un autre : l’étincelle qui rallume la poudrière à Lyon. Le service finances de l’OL a reçu des relances de MCCP Investment Partners au sujet d’une première échéance liée à l’« achat » d’Igor Jesus pour 41,5 M€. Problème majeur : l’attaquant n’a jamais joué au club. L’enquête dévoile une série de transferts fantômes entre Botafogo et l’OL, orchestrés durant l’ère Textor, pour un total d’environ 120 M€ de créances. Grâce à l’affacturage, près de 100 M€ de trésorerie auraient été tirés de ces opérations. Au cœur du football moderne, c’est une controverse qui secoue tout l’écosystème et redessine les lignes du mercato.
Lyon, Rio, Londres : les lieux s’imbriquent. Entre juillet 2024 et mars 2025, cinq joueurs de Botafogo auraient été vendus à l’OL sans enregistrement à la LFP : Igor Jesus, Luiz Henrique, Thiago Almada, Jair Cunha, Jefferson Savarino. Des mails signés Vikram Nayyar (MCCP) réclament aujourd’hui les remboursements. En face, l’architecture d’Eagle Football s’ajuste : le prêteur Ares a confié le dossier à Stephen Welch, chargé d’auditer et d’arbitrer « qui doit quoi ». Pendant que Botafogo réclame jusqu’à 65 M€ à Lyon pour des ventes « facilitées », Michele Kang muscle sa ligne de conduite pour protéger le club. La bataille ne fait que commencer.
OL – transferts fantômes avec Botafogo : faits, montants et acteurs clés
Dès les premières relances, le décor s’est posé : cinq deals, des montants élevés, et des joueurs qui, hormis Almada en prêt de six mois en janvier 2025, n’ont jamais porté le maillot lyonnais. Le tout, hors radars de la LFP. Cette première séquence éclaire les « transferts fantômes » entre Botafogo et l’OL durant l’ère Textor.
- Qui : OL, Botafogo, Eagle Football, MCCP, Ares, Stephen Welch, Vikram Nayyar.
- Quoi : créances cumulées proches de 120 M€ sur des transferts non enregistrés.
- Où : Lyon (OL), Rio (Botafogo), Londres (pilotage Ares/Welch).
- Quand : entre juillet 2024 et mars 2025, relances accentuées à l’été.
- Comment : affacturage des indemnités « à recevoir » pour obtenir du cash.
- Pourquoi : générer de la liquidité au sein du groupe, malgré l’interdiction de recruter.
Joueurs concernés et flux déclarés
Les montants d’origine et les ventes ultérieures offrent un panorama concret, utile pour prendre la mesure du dossier.
| Joueur | Montant « OL » (M€) | Statut sportif OL | Mouvement réel 2025 | Produit transfert (M€) |
|---|---|---|---|---|
| Igor Jesus | 41,5 | Jamais enregistré | Vendu à Nottingham Forest | 19 |
| Luiz Henrique | n.c. (deal interne Eagle) | Jamais enregistré | Vendu au Zénith | 31 |
| Thiago Almada | n.c. (deal interne Eagle) | Prêt 6 mois (janv.-juin 2025) | Vendu à l’Atlético | 20 |
| Jair Cunha | n.c. (deal interne Eagle) | Jamais enregistré | Vendu à Nottingham Forest | 10 |
| Jefferson Savarino | n.c. (deal interne Eagle) | Jamais enregistré | — | — |
Au centre de la controverse : des montants « OL » cédés à des factors, puis réclamés au débiteur, l’OL. Voilà la donnée brute du duel financier.
Affacturage et mécanique financière : ce que révèle l’ère Textor
L’affacturage reste courant en football. Ici, il devient le nœud du problème. Des créances liées à des indemnités de transfert « à recevoir » ont été cédées à des organismes comme MCCP, contre cash immédiat. Le débiteur contractuel, c’est l’OL.
- Étape 1 : création d’une créance « OL » sur un transfert intra-groupe.
- Étape 2 : cession de cette créance au factor avec décote.
- Étape 3 : encaissement quasi immédiat, proche de 100 M€ cumulés.
- Étape 4 : relances du factor auprès de l’OL à l’échéance.
Schéma des flux et risques
Ce schéma synthétise la cascade financière et les points de friction qui émergent en 2025.
| Flux | Origine | Destination | Risque identifié | Action attendue |
|---|---|---|---|---|
| Créance de transfert | Botafogo → OL | Factor (MCCP, autres) | Validité juridique contestée | Audit des contrats |
| Cash avancé | Factors | Entités Eagle | Affectation opaque | Traçabilité des flux |
| Remboursement | OL (débiteur) | Factors | Tensions de trésorerie | Négociation d’échéanciers |
| Garanties | Eagle/Bidco | Créanciers | Effet de levier juridique | Accord global |
Stephen Welch, mandaté par Ares, pilote l’audit au sein d’Eagle Bidco. Son objectif est simple : établir la traçabilité et apurer les positions entre les entités. Une étape décisive.
Pour mesurer l’impact sur un club, il faut aussi regarder ce que ces mécanismes changent au quotidien : trésorerie, marges de manœuvre et image.
Conséquences sportives et mercato 2025 : l’OL sur un fil
Sportivement, l’OL a raté le bénéfice de ces « acquisitions ». Les joueurs sont restés sous le pavillon Botafogo, sauf Almada prêté six mois. L’interdiction de recruter a verrouillé le chantier. Le mercato 2025 s’ouvre donc avec prudence.
- Objectif prioritaire : stabiliser la masse salariale et sécuriser les paiements.
- Politique de scouting recentrée sur des profils à coût maîtrisé.
- Intégration accélérée des jeunes issus du centre.
- Négociations ciblées pour des prêts avec options intelligentes.
Impacts concrets et ajustements
Le calendrier impose des choix. Lyon vise des renforcements tactiques, mais garde une ligne de crédit prudente. L’image compte aussi auprès des instances et partenaires.
| Domaine | Impact | Mesure OL | Échéance |
|---|---|---|---|
| Effectif | Manque de profondeur à certains postes | Prêts ciblés, post-formation | Été 2025 |
| Finances | Tension de trésorerie | Échelonnement des dettes | En cours |
| Image | Crédibilité à reconstruire | Transparence accrue | Saison 2025-26 |
| Compliance | Process d’enregistrement | Clôture des flux intra-groupe | Immédiat |
Michele Kang fixe le cap : restaurer la confiance et protéger le club. La bataille ne se jouera pas qu’au terrain.
Gouvernance et sortie de crise : Welch à la manœuvre, quelles options ?
Stephen Welch concentre les attentes. Mandaté pour auditer et proposer une résolution, il incarne la voie pragmatique. Objectif : éteindre le risque et clarifier la dette entre entités.
- Accord global d’apurement entre OL, Botafogo, Eagle, factors.
- Rachat de créances avec décote et échéancier.
- Arbitrage contractuel si blocage sur la validité des deals.
- Voie judiciaire en dernier recours, coûteuse et longue.
Scénarios comparés
Un compromis rapide vaut souvent mieux qu’un procès incertain. L’avis d’experts en contentieux financiers va dans ce sens.
| Scénario | Avantage | Inconvénient | Délai estimé | Probabilité de succès |
|---|---|---|---|---|
| Accord global | Réduction du passif, visibilité | Apport actionnaires requis | Court | Élevée |
| Rachat de créances | Contrôle du calendrier | Coût immédiat | Moyen | Élevée |
| Arbitrage | Cadre spécialisé | Frais importants | Moyen | Moyenne |
| Contentieux | Jurisprudence possible | Aléa et durée | Long | Faible |
La clé se jouera sur la traçabilité des flux et la solidité contractuelle. Ici, la gouvernance fera la différence.
Régulation, chronologie et zones grises de l’enquête
La réglementation est limpide : un joueur non enregistré ne peut jouer. Là se trouve l’angle mort du dossier. Les droits fédératifs seraient restés à Botafogo tandis que des créances « OL » circulaient vers les factors. L’enquête interne doit superposer ces couches.
- Enregistrement LFP inexistant sur les cinq dossiers.
- Flux intra-groupe nombreux et complexes.
- États financiers OL 2024-25 jugés « exhaustifs » par le club.
- Relances récentes d’organismes de crédit sur des échéances.
Frise des événements clés
La timeline suivante met en regard transactions, enregistrements, ventes réelles et relances financières.
| Date | Événement | Acteurs | Conséquence |
|---|---|---|---|
| Juil. 2024 | Premiers « achats » OL depuis Botafogo | OL / Botafogo | Créances internes |
| Nov. 2024 | Créance Igor Jesus 41,5 M€ | OL / MCCP | Affacturage |
| Janv. 2025 | Prêt de 6 mois de Thiago Almada | OL / Botafogo | Impact sportif limité |
| Printemps 2025 | Ventes réelles (Henrique, Jesus, Cunha, Almada) | Botafogo | Flou sur le fléchage |
| Été 2025 | Relances renforcées des factors | MCCP et autres | Risque contentieux |
Au-delà des chiffres, la question reste directe : qui a capté le cash, et qui doit l’assumer aujourd’hui ? La réponse structurera la suite.
Pourquoi parle-t-on de « transferts fantômes » entre Botafogo et l’OL ?
Parce que des ventes ont été contractualisées entre entités d’Eagle Football, mais non enregistrées à la LFP. Les joueurs n’ont pas été qualifiés sportivement à Lyon, alors que des créances ont servi à obtenir du cash via l’affacturage.
Quel est le montant global en jeu pour l’OL ?
Environ 120 M€ de créances liées à cinq dossiers, avec près de 100 M€ de trésorerie générée par affacturage, selon les éléments recoupés. Les organismes financiers réclament désormais les remboursements.
Qui pilote la sortie de crise au niveau du groupe ?
Le fonds Ares a mandaté Stephen Welch, spécialiste de restructuration, pour auditer les flux au sein d’Eagle Bidco et proposer un accord global qui apure les positions entre OL, Botafogo et les factors.
Les ventes réelles des joueurs en 2025 profitent-elles à l’OL ?
Le fléchage demeure flou. Plusieurs mouvements (Henrique, Jesus, Cunha, Almada) ont été réalisés par Botafogo, mais des opérations internes évoquées compliquent la traçabilité. L’audit doit clarifier.
Quelles sont les options de l’OL à court terme ?
Négocier un accord global avec décote, étaler les remboursements, renforcer la transparence financière et sécuriser l’enregistrement de toute opération future. L’objectif : préserver la compétitivité sportive et l’équilibre de trésorerie.


